GROUPE NOTRE DAME DE BOULOGNE

Notre Dame de Pontmain

Notre Dame de Pontmain La Mère de la sainte Espérance

 

 

 

Une heure désespérée

 

  Janvier 1871 : la France connaît une heure sombre de son histoire. La guerre que notre pays a déclarée  à la Prusse avec une inconscience qui laisse pantois, s'est muée en une totale défaite pour nos armées. Le second Empire comptait par une victoire, consolider un régime politique bien malade : mais celui-ci n'a pas survécu aux premiers revers, au désastre de Sedan en particulier, et, dès le début de septembre 1870, la république a été proclamée. Ce changement n'a pas arrêté pourtant l'avance de l'ennemi qui a continué de déferler sur notre territoire. Depuis le 27 décembre, la capitale est assiégée. Débordant cependant Paris, les armées prussiennes ont étendu leur progression, pourchassant les troupes françaises en déroute. Il est impensable à présent qu'après un tel écrasement de nos armées, celles-ci puissent encore envisager un retournement de fortune. Le pays est à bout. Après les combats du Mans, voici maintenant les Prussiens devant Laval. Et l'hiver sévit, rigoureux, ce qui n'arrange pas la situation. C'est alors qu'en ce pays au bord du désespoir, Marie va se manifester. Mère de la sainte Espérance, elle n'abandonnera pas ses fils dans le malheur.

 

Le « signe dans le ciel »

 

  C'est à Pontmain, petit village de la Mayenne, trois cents âmes environ, que paraîtra dans le ciel « le signe grandiose », celui de la Vierge Marie se montrant à des enfants et donnant ses consignes pour cette heure de détresse. Nous sommes le 17 janvier. Les deux garçons Barbedette, Eugène et Joseph, vers cinq heures et demie du soir, sont allés dans la grange aider leur père à piler des ajoncs. Au bout d'un moment, Eugène sort et regarde le ciel étoilé. Or, voici qu'à cinq ou six mètres dans les airs, au-dessus de la maison Guidecoq, il aperçoit une Dame grande et belle qui lui sourit. Elle est vêtue d'une robe bleu foncé qui lui tombe jusqu'aux pieds, sans ceinture ; l'étoffe est parsemée d'étoiles. Un voile lui couvre les cheveux et la moitié du front à la manière d'un bandeau et un diadème le surmonte.

  Eugène regarde. « Ne voyez-vous rien ? » demande-t-il à Jeannette Detais qui vient de la grange. Mais Joseph, frère cadet d'Eugène, est sorti lui aussi et il aperçoit immédiatement la vision. Le père des deux garçons, accouru à son tour, mais qui ne voit rien, fait rentrer ses fils et ceux-ci reprennent leur travail. Bientôt, pourtant il dit à l'aîné : « Eugène va donc voir si tu vois encore ».-« Oui, c'est tout pareil », répond l'enfant de douze ans. On appelle la mère : « C'est peut-être la Sainte Vierge », déclare celle-ci et elle fait prier. Elle entraîne néanmoins tous les siens à la maison pour le repas du soir ; celui-ci ne sera pas long pour Eugène et Joseph qui ressortent à nouveau : « Ca continue, c'est tout pareil ». Le père alors envoie chercher sœur Vitaline, mais tout comme les autres adultes présents, elle n'aperçoit rien si ce n'est trois étoiles qui servent de cadre à l'apparition (toutes les personnes qui assisteront à l'apparition de Pontmain les verront). La religieuse, toutefois frappée par la sincérité des fils Barbedette et songeant que le royaume des cieux est promis aux enfants, va chercher trois fillettes des son écoles. Elle ne leur dit rien du prodige mais seulement qu'il y a quelque chose à voir. Arrivées près de la grange, Françoise Richer, onze ans, et Marie-Jeanne Lebossé, huit ans, s'exclament aussitôt : « O la belle dame ! Elle a une robe bleue avec des étoiles d'or ! » Et elles décrivent la vision exactement comme les garçons. En revanche, la troisième fillette ne verra rien.

  On court alors au presbytère chercher M. le curé. Une religieuse ameute également le village. Bientôt quatre-vingts personnes seront là. Un enfant de six ans, Eugène Friteau, qui mourra le mois de mai suivant, voit aussi ; de même le petit Auguste Avice, cinq ans et demi. Un bébé de deux ans et demi aperçoit aussi l'apparition et trépigne de joie.

 

Les consignes de la Vierge   

 

  On se met alors à prier et, soudain, la Dame cesse de sourire et son visage devient triste. A genoux, on récite le rosaire. La taille de la vision grandit à ce moment et les étoiles de la robe se multiplient. Puis on chante le Magnificat : alors une banderole se déploie sous les pieds de la Dame et, peu à peu, les voyants épellent les mots qui s'y inscrivent :

« Mais priez mes enfants. »

  On continue la prière par la récitation des litanies. Et une seconde phrase apparaît sur la banderole : 

« Dieu vous exaucera en peu de temps. »

  On chante l'Inviolata. Troisième phrase de la Sainte Vierge :

« Mon Fils se laisse toucher. »

  La Vierge sourit à nouveau ; à la voir ainsi, les visages des enfants sont tout réjouis et leur joie se communique aux témoins. Tous comprennent qu'à cette heure d'angoisse, Marie vient à leur secours. Aussi entonne-t-on le refrain :

« Mère de l'Espérance

Dont le nom est si doux,

Protégez notre France,

Priez, priez pour nous. »

  A la fin du cantique l'inscription disparaît. Le curé, cependant, fait chanter un cantique de pénitence qui a pour refrain Parce Domine. Dans les mains de la Dame paraît alors une croix rouge sombre sur laquelle un Christ est cloué, avec, au-dessus de la tête, l'inscription : Jésus-Christ. A ce moment, Marie tient ses yeux baissés. Une expression d'indicible tristesse s'est répandue sur son visage. Mais lorsque succède au cantique l'Ave Maris Stella, le crucifix disparaît et les mains de Notre Dame s'abaissent tout comme en l'apparition de la médaille miraculeuse. Des étoiles allument alors quatre bougies qui encadrent la Madone. On récite la prière du soir et, à ce moment-là, disparaît la vision. « C'est tout fini », déclarent les petits voyants. Il est maintenant près de neuf heures du soir. L'apparition a duré plus de trois heures. Aucune parole n'a été prononcée et c'est dans le ciel qu'ont été inscrites les consignes de Marie.

 

La France est sauvée

 

  A partir de ce moment, les Prussiens stoppèrent eux-mêmes leur avance victorieuse alors  que rien ne les empêchaient de progresser. Le 28 janvier, l'armistice était signé avec la France.

  Une enquête canonique  examina sans retard les faits de Pontmain, et le 2 février 1872, l'évêque de Laval jugeait que Notre-Dame s'était réellement manifestée aux petits enfants le 17 janvier de l'année précédente.

  En apparaissant à Pontmain, Marie répondait à la prière que tant d'âmes lui adressaient à la même heure en ses sanctuaires : par exemple à Notre-Dame d'Espérance à Saint-Brieuc, ce 17 janvier, de 5 heures et demie du soir jusqu'à 9 heures, c'est-à-dire exactement la durée de l'apparition ; de même, à notre-Dame des Victoires, à Paris. Mais en se manifestant, la Vierge faisait aussi à ses fils une pressante requête : « Mais priez mes enfants. »       Dieu, pour nous sauver, veut que par la prière, nous nous sentions faible et démunis devant Lui, et donc humbles et dépossédés de nous-mêmes, confiants et abandonnés. Si nous étions plus unis au Sauveur crucifié et à sa Mère, si nous savions supplier avec plus de foi et de persévérance, alors dans nos difficultés, le Seigneur viendrait plus vite à notre secours : « Mon Fils se laisse toucher : Il vous exaucera en peu de temps. » 

Abbé Vincent Robin+



07/03/2007
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